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- Brouillon -
20 octobre 2006

Nietzsche - Socrate et la tragédie


in



Socrate et la tragédie
(Nietzsche, Folio Essais, 1870) :
http://johannfr.free.fr/J/viewtopic.php?t=149

Encore une conférence donnée par Nietzsche en 1870 à la suite du Drame musical grec. Petit texte, mais qui répète pour beaucoup (et plus grossièrement) les thèses énoncées dans La naissance de la tragédie.
La perspicacité de Nietzsche tient peut-être à ce qu'il ne désigne pas comme coupables de la mort de la tragédie des hommes (Socrate et ses disciples les plus grands : Platon et Euripide), mais plutôt des tendances, des forces, des mouvements. Socrate et Euripide sont des points de crystallisation d'une tendance qui s'était infiltrée bien avant eux dans la tragédie grecque par la dialectique (avec Sophocle se devine déjà un déclin de l'art tragique).

L'optimisme est intrinsèque à la dialectique ainsi qu'à la science ('tain je tombe vraiment dans l'analyse moi) et par là s'affronte au pessimisme présent dans la musique. La vague d'optimisme socratique (que Nietzsche situe avant Socrate même) est si forte qu'elle fini par chasser la musique de la tragédie pour aboutir aux calculs de la comédie : croyance aux causes et aux effets qui transforment alors la souffrance du héros en résultante d'un mauvais calcul de celui-ci et pour lequel il est puni (liberté, choix, faute) - alors que dans la tragédie, la musique exprime une irrationnalité de la souffrance, constitutive de la condition humaine (nan mé oh).
On peut déduire aussi que l'optimisme d'Euripide (pour Platon et Socrate, ça me semble plus compliqué) entraîne une démocratisation et une individualisation, une fragmentation du peuple grec (car chacun pense dès lors pouvoir prendre en main sa destinée, si tout n'est qu'un problème de calcul et non d'instinct, d'art).

Nietzsche, en bon grec, s'interroge sur la laideur de Socrate (il est laid parce qu'en lui se crytallisent les instincts scientifiques et non artistiques - Montaigne aussi traite ce problème mais je ne me souviens plus exactement où). Il est aussi important de remarquer - je parle toujours pour moi bien sûr - que Socrate, Euripide et Platon ne sont pas frappés du saut de l'infâmie (pas encore ^^), mais qu'ils jouissent aux yeux de Nietzsche d'une dignité qui inspire le respect : parce que, dans leur domaine, ce sont des génies. On peut en déduire toute la complexité que voit Nietzsche dans le mouvement de l'histoire, chaotique et non pas linéaire : les forces niant la tragédie, même si elles sont vivement critiquée comme impliquant, par déséquilibre (aucun dionysiaque n'est là pour faire face à l'apollinien de Socrate), une série d'évènements malsains (une chute ?), ne sont pas pour autant des choses sur lesquelles on peut facilement agir, ni peut-être sur lesquelles on peut agir ; Nietzsche le remarquera et l'analysera avec Humain, trop humain (nan j'l'ai pas encore lu celui-là, justement à cause de cette rupture ^^).

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